Dans le cadre Scrum, la mêlée quotidienne (parfois appelée daily standup meeting ou tout simplement daily) est l’événement le plus pratiqué. En même temps, elle a lieu tous les jours. Pourtant, elle présente bien des incompréhensions quant à son objectif et les personnes qui doivent y participer.

Au travers de cet article, je souhaite lever toute ambiguïté qui pourrait subsister sur le déroulement de cette réunion, expliciter ce qui est dit dans le Scrum Guide, mais aussi donner mon point de vue.

Une réunion tous les jours, mais pour quoi faire ?

Quel est l’objectif premier de cette réunion ? Avant de citer le Scrum Guide, allons faire un tour du côté du  blog de Scrum.org et voyons ce qui se dit sur le sujet :

Scrum.org articles on daily subject

Articles de blog de Scrum.org sur le sujet du daily

Oups ! Aucun post. Il faudrait peut-être en proposer un 😁 !

Bon, que dit le Scrum Guide alors :

L’équipe de développement utilise la mêlée quotidienne pour inspecter son avancement vers l’objectif du Sprint et comment cet avancement tend à l’achèvement des travaux prévus dans le Backlog Sprint. La mêlée quotidienne optimise la probabilité que l’équipe de développement atteigne l’objectif du Sprint. Chaque jour, l’équipe de développement doit comprendre comment elle entend travailler ensemble en tant qu’équipe auto-organisée pour atteindre l’objectif du Sprint et créer l’Incrément prévu à la fin du Sprint.

Il n’y a donc aucun doute quant au but de ce point d’équipe régulier, il s’agit de se concentrer sur l’objectif du sprint, en appliquant les piliers de Scrum : Transparence, Inspection, Adaptation. L’équipe doit donc s’assurer que ce qu’elle a réalisé jusqu’à présent est conforme au plan prévu initialement et si ce n’est pas le cas, ou si elle détecte que l’atteinte de l’objectif du sprint est compromise, elle fait en sorte de réadapter son plan, toujours dans cette vision d’objectif de sprint.

Il ne s’agit donc pas d’un rapport d’avancement quotidien ou d’un énoncé exhaustif de l’ensemble des activités que compte faire chacun des collaborateurs.

Concrètement, qui doit y participer ?

Là-dessus, les avis sont très divergents. Il n’y a qu’à voir la multitude de sujets sur le forum de Scrum.org. Pourtant, encore une fois, le Scrum Guide est très clair à ce sujet :

La mêlée quotidienne est une réunion interne pour l’équipe de développement. Si d’autres personnes sont présentes, le Scrum Master s’assure qu’elles ne perturbent pas la réunion.

Merci beaucoup d’avoir lu cet article. n’hésitez pas à laisser vos remarques en commentaires… Oh, vous en voulez plus ? OK, analysons les différentes configurations.

Le PO participe à la mêlée

C’est un point qui peut susciter débat. En témoigne cet échange que j’avais eu avec Constantin Guay sur LinkedIn ou encore l’un des passages du livre « SCRUM Pour une pratique vivante de l’agilité » de Claude Aubry (j’en avais parlé dans un précédent billet) :

au moins 2 fois par semaine, et si possible tout le temps, c’est mieux.

Cette citation m’a laissé quelque peu perplexe. D’une part, ce n’est clairement pas un pré-requis imposé par le Scrum Guide. D’autre part, cela peut perturber le fonctionnement du daily : l’effet d’intrusion de l’observateur. Du simple fait de la présence du Product Owner, même si celui-ci ne participe pas et ne fait qu’observer, l’équipe de développement pourrait adapter ses propos afin qu’ils soient plus compréhensibles par ce dernier, ou pire, pour qu’il n’entende que ce qui lui fait plaisir. 

Dans tous les cas, l’équipe de développement étant responsable du déroulement de cette réunion, c’est à elle de décider d’accepter ou non d’inclure son Product Owner lors de ce point quotidien, que ce soit de manière régulière ou non.

Pour terminer cette partie, je vous laisse méditer sur l’un des sujets, au titre que je qualifierais de surprenant, tiré du forum Scrum.org : In the middle of a sprint a PO introduces new features during the daily scrum – OK or Not OK?

Le Scrum Master participe à la mêlée

Commençons par citer le Scrum Guide :

Le Scrum Master s’assure que la mêlée quotidienne a lieu, mais c’est l’équipe de développement qui est responsable de son déroulement. Le Scrum Master apprend à l’équipe de développement à limiter la mêlée quotidienne à 15 minutes.

On ne parle donc pas de participation du Scrum Master à la mêlée. Pourtant, il doit s’assurer, de par son rôle de coach, que l’équipe comprend bien l’objectif de cette réunion et donc par exemple ne dénature pas celle-ci en la transformant en simple point d’avancement. Attention, il restera toujours en retrait, en situation d’observateur et évitera de perturber la cérémonie. 

Et si le Scrum Master est aussi développeur à mi-temps ?

Il s’agit d’un cas souvent rencontré (et que j’ai moi-même expérimenté). Il n’y a pas de question à se poser dans cette situation : il fait parti de l’équipe de développement, il doit donc participer. Attention cependant à ne pas tomber dans un travers où il deviendrait une sorte de chef de cérémonie ou bien le secrétaire en charge du déplacement des post-it et du tracé du burndown. 

Les clients / parties prenantes participent à la mêlée

Houlà ! Ce n’est pas bon signe. Que se passe-t’il dans ce cas-là ?

Tout d’abord, de la même manière qu’avec la présence du product owner, le risque de voir apparaître le biais d’intrusion de l’observateur est fort (on ne veut surtout pas inquiéter le client si tout ne se passe pas comme prévu). D’une part, on perd la transparence nécessaire à l’efficacité de cet échange quotidien. D’autre part, sans cette transparence, difficile d’appliquer l’inspection et encore plus l’adaptation nécessaire pour s’assurer de l’atteinte de l’objectif.

Pire, la perte de confiance des membres de l’équipe en leur capacité d’auto organisation. On a une perte de la sûreté psychologique. Dans cette configuration, il est absolument essentiel de comprendre pourquoi la partie prenante éprouve un besoin de participation et comment y remédier.

Pour conclure

Je reste personnellement très partagé sur la question des participants à cette réunion. D’un côté, j’avais été convaincu sur le fait que le Product Owner n’avait pas forcément sa place dans la mêlée quotidienne. Mais d’un autre côté, puisque sa présence n’était pas dérangeante et ne perturbait pas le bon fonctionnement de cette réunion, il n’y avait pas de raison de l’exclure.

Il est en revanche primordial de prendre suffisamment de recul en tant que Scrum Master pour s’assurer que l’équipe utilise bien la mêlée à bon escient et ne se transforme pas en un simple bilan de l’avancement quotidien.


Pour aller plus loin :

Le Scrum Guide, en français, dans sa version 2017 : https://www.scrumguides.org/docs/scrumguide/v2017/2017-Scrum-Guide-French.pdf

L’article de Constantin Guay qui explique en détails les inconvénients de voir le PO participer au daily : https://const.fr/blog/agile/po-au-daily-un-anti-pattern/

Le forum de Scrum.org, qui regorge de publications en lien avec ce sujet : https://www.scrum.org/search/forum?keys=daily&f%5B0%5D=type%3Aforum